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Racisme à l’hôpital des Trois-Chêne – Les HUG « dégagent la Négresse » !

On avait écrit sur la porte de son bureau « Négresse dégage ». La Direction des HUG a prétendu tout faire pour éradiquer le racisme. Pourtant, sa première mesure concrète a été annoncée le 17 décembre au personnel de l’hôpital des Trois-Chêne : obéissant à l’injonction des racistes, les HUG ont décidé de « dégager la Négresse »Explications.

C’est à peine si Mariza (prénom d’emprunt) en croyait ses oreilles. Lors de la séance convoquée mercredi 17 décembre par la Direction des HUG, une fois passé le discours institutionnel de façade qui plaide inclusion et diversité, la Direction annonce au personnel que la Responsable des soins va être remplacée. Aurélie, la cadre victime d’attaques racistes répétées de la part d’autres cadres des HUG, celle dont des racistes ne se sont pas privés d’exiger la tête, allant jusqu’à écrire sur sa porte de bureau « Négresse dégage »… les HUG la font effectivement dégager, l’envoyant sur un autre poste loin des Trois-Chêne, à la Division privée.

Si l’on en croit l’hôpital, cette mesure serait prise pour protéger Aurélie, sauf que… Sauf qu’Aurélie ne veut absolument pas quitter son poste de travail, dont elle remplit les exigences à merveille. Sa dernière évaluation interne indique même qu’elle dépasse les attentes des HUG. Aurélie est une battante, qui fédère les équipes, motive le personnel, fait rayonner autour d’elle un climat de bienveillance et d’empathie. Et pourtant elle déplaît à certain-e-x-s responsables hiérarchiques, qui voient en elle une menace. Elle ouvrirait trop les portes de l’hôpital « aux arabe-x-s ou aux noir-e-x-s » lors des engagements, dit-on en coulisse. Pire, elle protégerait leur incompétence. Car selon ces cadres, il va de soi que le personnel noir ou arabe n’a ni les mêmes diplômes ni les mêmes compétences que le personnel blanc.

Bref, c’est une vraie campagne de dénigrement raciste qui pousse Aurélie, en été 2025, à signaler à la Direction des soins et à la Direction du Département les attaques répétées dont elle est la cible. Naïvement, elle pense alors obtenir la protection de son employeur. Mal lui en prit : les HUG organiseront une prétendue enquête sur le racisme, mais dont ils se serviront en fait pour recueillir les témoignages des cadres aux propos racistes et qui critiquaient Aurélie. S’en suivra un Entretien de service, c’est-à-dire la procédure qui détermine de possibles sanctions. A son issue, la Direction des soins, magnanime, renoncera à sanctionner Aurélie mais exigera son départ des Trois-Chêne. Il est vrai que cette Direction des soins le clame depuis des mois : « il n’y a pas de racisme aux Trois-Chêne, c’est juste un conflit de personnes ». On croit rêver.

Sauf qu’Aurélie n’est pas la seule a faire les frais ni du racisme ni de celles et ceux qui le couvrent aux HUG. De retour de son congé maternité à l’automne 2025, Sandra (prénom d’emprunt), la seule autre cheffe noire des Trois-Chêne, se fait aussitôt agresser par une collègue qui lui déclare que les cadres ne veulent plus d’elle aux Trois-Chêne. Cet épisode, comme une pléthore d’autres, a bien été reporté à cette même Direction des soins qui ne voit pas le problème. Vous avez dit déni ? Non. Les HUG ont fait un choix. Entre protéger les victimes ou étouffer l’affaire, ils n’ont pas hésité. D’ailleurs si les HUG écartent volontiers toutes les personnes qui se sont exposées à dénoncer les faits, on remarquera qu’ils n’hésitent pas à en promouvoir d’autres parmi celles qui tiennent des propos racistes. Témoin une certaine cheffe des Trois-Chêne, passée depuis responsable des soins d’un grand département.

En conclusion : il ne fait pas bon être noir-e-x aux HUG. Et on comprend mieux pourquoi bon nombre de collègues racisé-e-x-s n’osent pas dénoncer ce qu’ils-elles ont eu à subir, quand on voit le sort que les HUG réservent aux lanceur-euse-x-s d’alerte et en particulier à Aurélie.

Seulement voilà, on l’a dit : Aurélie est une battante. Alors elle persiste à revendiquer de pouvoir retourner à son poste de travail aux Trois-Chêne. Elle n’a pas démérité et n’a rien fait qui puisse justifier sa mise à l’écart, si ce n’est révéler par sa plainte interne le racisme qui gangrène les services. 

Pour soutenir Aurélie, nous appelons toutes les personnes, employé-e-x des HUG ou simple citoyen-ne-x que le racisme révulse, à venir manifester devant les HUG, le jeudi 8 janvier à 12h30 !

Genève, le 23 décembre 2025